Parmi les maîtres que je croise de temps à autre, il en est qui semble tout droit sortie d’un manga de Jirō Taniguchi. Calme, souriant, un peu effacé, il émane de lui un force tranquille qui rien ne semble pouvoir ébranler. Dans ses manières délicates, on peut retrouver le Japon ancien. Pourtant, son parcours fut mouvementé, mais c’est justement des épreuves passées et de ses nombreuses passions qu’il tire aujourd’hui une technique au champ aussi large que passionnant : la myo-énergétique. Découverte d’Hiroshi Iwaoka, un maître discret qui gagne à être connu.
Ivan Bel : D’où venez-vous ? Où et quand êtes-vous né ? Dans quelle sorte de famille ? Que faisaient vos parents ?
Hiroshi Iwaoka : Je viens du Japon. Je suis né à Yokohama en 1955. Mon père était agriculteur.
Quand êtes-vous arrivé en France pour la première fois et pour y faire quoi ?
Je suis arrivé en France pour la première fois en 1977, quand j’avais 22 ans, pour apprendre le français.
À votre retour au Japon, vous découvrez le shiatsu dans un sauna. Racontez-moi comment cela s’est passé ?
J’ai appris le shiatsu avant de vivre à l’étranger.
J’ai échoué au concours pour entrer dans l’université que je voulais. Puis, j’ai décidé imprudemment d’aller en Angleterre pour apprendre l’anglais. Pour rester deux ans en Angleterre, il me fallait une grosse somme. Aussi pour économiser suffisamment d’argent, j’ai commencé à travailler dans un sauna en tant que serveur. Il y a toujours quelques praticiens de shiatsu dans les saunas au Japon. Les praticiens de shiatsu m’ont dit : « Je t’enseigne le shiatsu, alors tu me donnes le shiatsu en retour ». Je n’avais pas vraiment envie, mais quand même, j’ai bien appris le shiatsu pendant un an. C’était il y a 43 ans, quand j’avais 20 ans ! Cela fait longtemps maintenant (sourire). Je ne sais pas quel style de shiatsu c’était. Certainement pas le shiatsu Masunaga, ni le shiatsu Namikoshi actuel. Je me souviens que autrefois, de bons praticiens pratiquaient la pression sur les lignes tendino-musculaires. Le shiatsu que j’ai appris au sauna, je pense que c’est l’ancien shiatsu effectué sur les lignes tendino-musculaires.
Lorsque j’eus assez d’argent, je suis parti pour l’Angleterre, puis j’ai vécu en Australie, en France et au Canada, tout cela dans le but de trouver quelque chose qui me passionne vraiment dans la vie. Mais je ne l’ai pas trouvé. Je suis alors retourné au Japon quand j’avais 25 ans. À ce moment-là, j’ai travaillé dans une société d’art pendant un an. Puis, je me suis inscrit dans une école d’acupuncture, quand j’avais 26 ans.
Est-ce que le travail dans les bains était difficile ?
Non, pas du tout. J’adore le sauna. Après avoir travaillé en tant que serveur, j’ai pratiqué et appris le shiatsu sur les praticiens, puis j’ai pris le sauna. Ça s’est passé comme ça tous les jours. J’étais plutôt content du travail.
Ce qui est intéressant, c’est qu’à partir du shiatsu vous vous êtes orienté vers l’acupuncture. Pourquoi ?
Je pensais vivre en Europe un jour. Je me disais : « Je peux pratiquer le shiatsu. Et si je peux pratiquer également l’acupuncture, je pourrais m’installer plus facilement en Europe ». C’est ce que j’ai pensé. Alors, je me suis inscrit dans une école d’acupuncture.
Votre maître était Sorimachi senseï. Pouvez-vous me raconter comment s’est passée la formation avec lui ? Quel type de personne était-il ?
Mon maître d’acupuncture, Sorimachi senseï, était un homme typiquement traditionnel, avec une attitude « sévère ». Mais, son traitement d’acupuncture était incroyable ! D’ailleurs, il était si connu et respecté qu’il traitait la famille impériale à cette époque.
Il n’y avait pas de formation avec lui, en tous cas pas au sens moderne du terme. Je suis allé à son cabinet avec deux camarades de classe après avoir suivi un cours à l’école. Nous avons regardé son traitement pendant 5 heures, et après, nous avons fait le ménage. C’est ce que nous avons fait tous les jours pendant trois ans. C’était vraiment une approche traditionnelle, comme dans les arts martiaux.
Sorimachi senseï était un des premiers disciples de Dr. Keizo Hashimoto qui a mis au point le sōtaï dans les années 70. C’est, Sorimachi senseï qui a présenté le sōtaï pour la première fois aux États-Unis. Un jour, le maître de shiatsu Ohashi est venu à son cabinet. Il a demandé à Sorimachi senseï de faire le stage de sōtaï à New York. Sorimachi senseï a répondu, « Non ». Je pensais que c’était vraiment dommage. J’ai demandé à Sorimachi senseï pourquoi vous avez dit « Non ». Il m’a rependu, « Parce que M. Ohashi est un business man ». J’ai perdu l’occasion d’aller là-bas, de descendre dans un hôtel de luxe à New York avec Sorimachi senseï.
Après Antibes, vous revenez en France, c’est bien ça ?
Oui, après avoir obtenu le diplôme d’État d’acupuncture et de moxibustion, je suis allé de nouveau en France en 1985. La ville que j’ai choisie était Nancy, tout simplement parce que j’avais des amis français qui vivaient là. Je voulais m’installer comme praticien d’acupuncture, en même temps je voulais faire connaître la méthode de Sorimachi senseï en France.
Avez-vous pu pratiquer l’acupuncture ? Comment ça s’est passé ?
Non, je n’ai pas pu concrétiser ce projet, car la loi française demande d’être diplômé de médecine pour traiter les patients par acupuncture. Cette ville me plaisait, mais je n’avais rien à faire. Ça n’a pas bien marché. Neuf mois plus tard, je suis retourné au Japon avec une grande déception. C’était il y a trente-trois ans quand j’avais 30 ans.
Le retour au Japon a dû être difficile pour vous. C’était votre second échec avec la France. Qu’avez-vous fait à votre retour ?
J’ai abandonné mon projet de vivre en Europe et j’ai ouvert un cabinet d’acupuncture à Kamakura.
Pendant les 15 ans que vous passez à Kamakura, vous poursuivez votre formation pour être un praticien aux multiples compétences. Pouvez-vous me dire ce que vous avez appris ? Et pourquoi ces études incessantes ? Avez-vous croisé d’autres maîtres de shiatsu ?
Ma vie à Kamakura était vraiment superbe. J’étais entouré d’amis. J’avais le temps, de l’argent, et en plus, je pouvais partir en voyage. A cette époque, je me suis intéressé à la santé et la beauté. Ma curiosité m’a amené jusqu’au domaine de l’esthétisme, du maquillage et de la cuisine. Je suis le sixième japonais qui a obtenu la licence d’esthétisme international, CIDESCO. J’ai quitté momentanément mon cabinet, pour aller en Thaïlande pour apprendre le massage thaï ou bien en Italie pour étudier la langue de Dante. En ce qui concerne le shiatsu, je ne l’ai pas pratiqué durant cette période à Kamakura.
Enfin, l’idée de retourner vivre en France revient vous hanter.
Pendant la période où j’ai vécu à Kamakura, j’ai réalisé tous mes envies et mes rêves. C’est à ce moment-là que je me suis rappelé de la France. Ma dernière expérience en France n’avait pas du tout été positive. C’est pour cela que je voulais retenter le coup et jouir pleinement de ma vie dans ce pays. Je m’étais dit que j’allais le regretter pendant toute ma vie si je ne le faisais pas.
Je suis alors retourné à Antibes au début de 1999. J’ai obtenu un visa étudiant. La raison pour laquelle j’ai choisi Antibes est qu’il y fait beau toute l’année et la ville avait une ambiance sympa. De plus, Antibes n’est pas loin de l’Italie et comme je parlais l’italien… (sourire).
Vous parliez français à cette époque ?
Oui, mais pas complètement couramment.
Le plus étonnant, c’est que cette fois vous y allez avec un projet qui n’a rien à voir avec ce que vous savez faire.
Mon idée était d’ouvrir un petit cabinet d’acupuncture. Mais tout d’abord, je voulais monter un business d’engrais agricole. Sorimachi senseï avait inventé une nouvelle sorte d’engrais. On avait déjà essayé au Japon et ça avait amélioré considérablement le goût des légumes. Comme je n’avais pas les moyens d’ouvrir mon cabinet tout de suite, et que j’aime le vin, je me suis dit alors que ce serait bien de pouvoir produire de bonnes bouteilles en utilisant ces engrais. J’ai écrit des lettres à une quinzaine de producteurs, en leur proposant d’améliorer la qualité du vin. Trois domaines très réputés dans le monde entier m’ont répondu en disant : « On veut bien essayer ». À partir de ce jour-là, une fois par mois, j’ai fait des allers-retours entre Antibes et la Bourgogne afin de disséminer des engrais dans des coins de champs.
Si ça marchait, je pourrais non seulement boire autant de bon vin que je voulais, mais aussi j’aurai suffisamment de revenus pour vivre tranquillement en France. Six mois plus tard, le jour de dégustation est enfin arrivé. En fait, on n’a pas vu beaucoup de différence. Mais en réfléchissant bien, ils ont à la base une bonne terre contenant plein de minéraux chez ce genre de producteurs. En plus, il est difficile de faire mieux que ce qu’ils font, car leurs vins sont déjà excellents.
Alors, qu’avez-vous fait ? Retour à l’acupuncture ?
Je me suis retiré du domaine viticole et j’ai ouvert un cabinet d’acupuncture dans un des appartements d’un immeuble où sont installés des médecins et des avocats. Mais, je n’ai eu seulement que trois patients en trois mois. En plus, deux d’entre eux étaient les copains des copains (rires). C’est-à-dire qu’en réalité, il n’y avait eu qu’un seul vrai patient. J’ai alors fermé mon cabinet.
Finalement, c’est une proposition de travail avec le shiatsu qui vient à vous. Voulez-vous raconter vos aventures avec l’école que vous avez ouverte ?
Oui, c’est à ce moment-là que j’ai reçu une nouvelle proposition de travail. Lorsque je suis passé pour payer mon loyer à l’agence immobilière, une employée m’a donné le numéro de téléphone d’un homme intéressé par le shiatsu. Je l’ai contacté immédiatement. Il s’appelait Marc et il m’a dit : « Nous sommes en train de monter une école spécialisée dans la santé et la beauté, et nous aimerions vous demander de donner des cours ». J’étais bien motivé par cette proposition.
Une dizaine de spécialistes, tels que professeur de yoga, esthéticien, massothérapeute, conseiller, diététicien ou pharmacien, étaient rassemblés lors d’une première réunion. Chacun a apporté ses idées afin de faire avancer le projet. Mais cela n’a pas duré longtemps. Il était certain que ce projet d’école était intéressant, mais les financements n’étaient pas suffisants. Les gens l’ont quitté les uns après les autres. À la fin, il ne restait que moi, Marc, sa copine ostéopathe et une pharmacienne. Je suis resté, car je n’avais de toute façon pas d’autre travail.
C’est comme ça que l’école de la santé est devenue l’école de shiatsu. Je me suis occupé de faire des stages et les trois autres se sont occupés de marketing et d’administratif. L’école a enfin ouvert ses portes en 2001. On a ouvert l’école, mais on n’avait pas d’élèves. Une école sans élèves a naturellement une conséquence : pas d’argent. J’ai donc travaillé sans rémunération pendant 4 ans.
À cette période, je n’avais plus un sou en poche. Alors, je suis allé travailler au Japon deux fois par an. J’ai sauté dans un avion, j’ai gagné maximum d’argent en quelques semaines auprès de mes anciens patients, puis je suis retourné à Antibes.
Pourquoi n’avoir pas gardé le mot « shiatsu », mais choisi de créer le nom « myo-énergétique » ? Qu’est-ce que ce changement de nom implique pour vous ?
Dans la formation myo-énergétique, j’enseigne plusieurs techniques telles que shiatsu, le sōtaï , la micropuncture, le moxa direct… pour réaliser la théorie de traitement. Cela veut dire que la myo-énergétique n’est pas une technique, mais un ensemble de techniques. La myo-énergétique est une méthode thérapeutique dont l’essentiel est une théorie que j’ai découverte.
Vous rencontrez votre femme Kikuno dans le sud de la France. J’aime beaucoup cette histoire, car elle née sur un malentendu. Elle vous prenez pour un millionnaire ?
C’est vrai ! Tout au début, Kikuno croyait que j’étais très riche. Il faut dire que j’habitais dans un logement de luxe. Le séjour seul faisait une cinquante de mètres carrés avec une terrasse de vingt mètres carrés. La maison donnait sur un énorme jardin dans lequel se trouvait une piscine toujours remplie d’eau. Cet appartement appartenait à une personne riche qui souhaitait avoir un gardien à qui il pouvait faire confiance pendant son absence, et je l’ai loué à loyer modéré. Elle est tombée sous le charme des lieux, et finalement, malgré ma situation précaire, nous nous sommes mariés.
Arrive alors le moment où cela ne se passe pas bien avec votre associé. Comment avez-vous rebondi cette fois encore ?
À la quatrième rentrée scolaire après la fondation, le nombre d’élèves avait enfin considérablement augmenté, et je pensais qu’on n’avait plus besoin de s’inquiéter de la gestion de l’école. Mais en réalité, Marc et la pharmacienne avaient contracté une dette considérable dans le but de construire un laboratoire pour fabriquer des huiles essentielles et du parfum. Tout ce que j’avais gagné en travaillant avait été utilisé pour le remboursement. J’ai vraiment beaucoup travaillé et j’ai fait de mon mieux pour sauver l’école. Mais ils se sont accaparé tous les bénéfices.
Quand j’ai démissionné, Marc m’a menacé avec une lettre, « Les comportements inappropriés de M. Iwaoka nous ont fait perdre des clients et nous avons subi des dommages ». Ou bien « Il a invité une de ses élèves au restaurant… ». Dans cette lettre, il y avait des accusations injustifiées. Il était clair que son but était de m’empêcher de quitter l’école. Puisqu’il agissait de cette façon, j’ai porté plainte contre Marc et l’école.
C’est à partir de là que vous avez déménagé à Paris ?
Je n’avais pas beaucoup d’occasions de soigner des patients à Antibes. Je pensais que les Provençaux étaient assez conservateurs et l’idée de se soigner par l’acupuncture ou le shiatsu n’était pas encore généralisée. De ce fait, je me suis mis à penser à ouvrir un cabinet à Paris. C’est à ce moment-là que j’ai obtenu une carte de résidence pour dix ans. J’ai également achevé mon livre sur lequel je travaillais depuis plusieurs années. Avec ce livre, je voulais faire connaître ma méthode de soin. Du coup, j’ai décidé de quitter le sud de la France et de partir pour Paris. Kikuno était ravie de couper le pont avec Marc. C’était à l’été 2005.
Comment avez-vous fait pour démarrer dans la capitale française ? Qui vous a aidé ?
J’ai commencé tout de suite à pratiquer la thérapie au cabinet. Un an plus tard, j’ai commencé à enseigner le shiatsu au siège de la Fédération Francaise de Shiatsu Traditionel (FFST) à Paris. Deux ans plus tard, en 2007, mon livre dont le titre est MYO-ENERGETIQUE est sorti aux éditions Guy Trédaniel. En ce qui concerne la formation du shiatsu et la publication du livre, c’est Claude Didier, fondateur de la FFST, qui m’a énormément aidé.
Et puis il y a l’Union Francophone des Professionnels de Shiatsu Thérapeutique (UFPST). C’est Charles Gamet qui m’a invité à la première réunion pour la création de l’Union en 2012. C’est là que j’ai rencontré Bernard Bouheret. Je me souviens que la conversation était totalement lié à la médecine chinoise. Et comme je ne pratique pas du tout la médecine chinoise, j’ai dit : « je n’entre pas dans l’Union« . Bernard m’a alors répondu : « Pas de problème. Nous acceptons d’autres styles de shiatsu« , ce qui est une belle preuve d’ouverture. C’est d’ailleurs comme ça que ça fonctionne. Alors, je suis rentré au Comité d’Administration. Je me suis chargé de la relation étrangère, particulièrement avec le Japon.
Une fois lancé, vous écrivez un second livre, directement en français. Comment avez-vous fait alors que ce n’est pas votre langue natale ? Cela a dû être une montagne de travail, non ?
Pour les cours de la formation, j’avais déjà rédigé des textes et préparé mon discours en français. L’accumulation de ce travail m’a permis d’écrire un livre en français assez facilement. Ce qui a mis du temps était d’expliquer suffisamment clairement mes nouvelles théories.
Quelle est votre vision du shiatsu, ou plutôt de la myo-énergétique ?
Pour soigner les douleurs et les maladies, il faut d’abord trouver les causes et ensuite enlever les causes, tout simplement. Ainsi, les douleurs et les maladies se soignent d’elles-mêmes. Tout le monde comprend cette logique. Mais, la médecine actuelle ne pratique pas cette logique dans la réalité.
Par exemple, « Les hémorroïdes sont des varices (dilatation des veines) qui se développent autour de l’anus. Les varices surviennent à cause d’une mauvaise circulation du sang. Elles sont favorisées par la constipation, le froid, la grossesse… ». C’est ce qui est écrit dans le dictionnaire médical. Mais, la médecine actuelle fait une opération chirurgicale au lieu d’améliorer la circulation du sang pour soigner les hémorroïdes. Où est la logique ?
Les hémorroïdes peuvent apparaître sur le côté droit ou gauche du canal anal. Si c’est à droite par exemple, des contractures musculaires responsables de la mauvaise circulation du sang sont retrouvées autour de l’anus sur le côté droit. Ces contractures musculaires et la mauvaise circulation sanguine sur le côté droit sont dues à la déviation du bassin à droite.
La myo-énergétique corrige la déviation du bassin à droite en décontractant la tension musculaire dans la partie sacro-lombaire droite. Par conséquent, les contractures musculaires autour de l’anus se relâchent et la circulation du sang s’améliore, ce qui peut faire disparaître immédiatement les hémorroïdes sur le côté droit.
C’est une des théories de la myo-énergétique. Pour mettre en pratique cette théorie, on pratique une ou plusieurs techniques tels que le shiatsu, l’acupuncture, la moxibustion, le sōtaï , la micropuncture, le massage à l’huile ou avec balle de golf… C’est très large comme vous voyez.
Personnellement, je voudrais faire reconnaître la théorie myo-énergétique dans tous les domaines du soin, et également auprès du grand public. Je travaillerai encore 20 ans pour réaliser ce rêve s’il le faut.
Qu’est-ce qu’une maladie selon vous ?
La plupart des douleurs et des maladies apparaissent soit à droite soit à gauche par rapport à l’axe corporel qui est la colonne vertébrale et le bassin. Cela veut dire que la plupart des douleurs et des maladies sont étroitement liées au déséquilibre corporel. Pour moi, une maladie est d’abord un déséquilibre corporel.
Pouvez-vous me décrire plus en détail ce qu’est le sōtaï ?
Dans les années 70, le Dr. Keizo Hashimoto a mis au point le sōtaï . Il a déclaré que la tension des muscles et la déformation posturale sont liées à la cause de la maladie. Une tension excessive des muscles provoque une déformation posturale.
Selon la progression de la déformation posturale, on a une douleur qui se forme, un dysfonctionnement de l’organe ou une maladie. Ce processus est réversible. Donc, si on redresse la posture déformée, la santé est recouvrée.
Pour redresser la posture déformée, le Dr. Hashimoto a trouvé un système de mouvement sur le corps humain : si le corps bouge vers la direction facile et agréable, le corps s’équilibre. Il a découvert ainsi un exercice qui consiste à repérer des déséquilibres posturaux du corps. C’est un exercice qui provoque une relaxation musculaire en harmonisant la respiration et les mouvements du patient. C’est cela, qu’on appelle le sōtaï .
Expliquez-moi le lien avec le shiatsu ? En quoi est-ce complémentaire ?
Au Japon, beaucoup de praticiens qui pratiquent le shiatsu ajoutent souvent deux ou trois techniques de sōtaï. Le sōtaï ainsi que le shiatsu provoque une relaxation musculaire, ce qui peut corriger le déséquilibre squelettique, par conséquent les douleurs et les maladies se soignent.
Quels sont les points communs ou les différences entre ces deux techniques ?
En japonais, « 指shi » signifie doigts et « 圧atsu » veut dire pression. Comme le nom shiatsu indique, le praticien effectue une pression des doigts, particulièrement des pouces.
« 操sô » signifie conduire, « 体taï » veut dire corps. Comme le nom sōtaï l’indique, le praticien conduit le corps du patient. Le Dr. Hashimoto a déclaré que « si le corps bouge vers la direction facile et agréable, le corps s’équilibre ». Donc, le praticien conduit le patient à bouger son corps vers la direction facile et agréable, par conséquent le corps du patient s’équilibre. C’est le sōtaï .
Ce sont les muscles qui soutiennent le squelette. Ce sont les muscles qui font bouger le squelette. Alors, si les muscles deviennent contractés, cette tension musculaire comprime ou tire le squelette et provoque une déformation squelettique, ce qui joue aussi sur tous les grands systèmes physiologiques (respiration, système sanguin, lymphatique, digestif…). En revanche, si la tension musculaire se relâche, la déformation squelettique est corrigée et tout se remet à fonctionner correctement. Le sōtaï ainsi que le shiatsu provoque une relaxation musculaire, ce qui peut rétablir l’équilibre squelettique, par conséquent les douleurs et les maladies se soignent.
Vous enseignez le sōtaï en même temps que le shiatsu ou bien vous considérez que ces deux techniques doivent rester séparées ?
Pour la thérapie, c’est bien de pratiquer le shiatsu avec le sōtaï pour avoir plus d’efficacité. Les deux ensembles fonctionnent à merveille.
Aujourd’hui, vous enseignez à Paris depuis de longues années. Les étudiants sont de plus en plus nombreux à venir à vos stages. Ne regrettez-vous pas vos années de bohème maintenant que vous êtes un maître bien installé ?
C’est vrai que j’ai vécu la bohème, notamment à Kamakura. J’ai fait tout ce que je voulais faire à cette époque. Maintenant, à côté du traitement au cabinet, je donne des stages. Quand j’ai du temps, j’écris un livre ou je prépare mon discours pour le stage. Je pense que comme j’ai vécu librement dans mes jeunes années, j’apprécie maintenant à travailler toute la journée et tous les jours pour la myo-énergétique. De toute façon, la myo-énergétique est la passion de ma vie.
Quand vous regardez en arrière votre vie, quelle leçon retirez-vous de tout cela ?
Ce que j’ai appris en regardant en arrière ma vie, c’est qu’une mauvaise expérience peut devenir une bonne expérience. C’est bien d’être toujours positif. Également, les choses avancent petit à petit dans la vie. Si on veut réussir, il faut être patient, constant et continuer jusqu’à la réussite. On peut s’arrêter de temps en temps, mais ne jamais abandonner.
Un grand merci pour votre temps et votre gentillesse.
Un grand merci à vous !
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