Histoire du Shiatsu des origines à nos jours

3 Fév, 2015
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Le Shiatsu est un art manuel thérapeutique qui a été développé au Japon. Même si ses racines sont à chercher du côté de la Chine ancienne, du Tibet, de l’Inde et même de l’occident, le résultat est une technique typiquement japonaise. Le Shiatsu combine l’ancien massage japonais appelé Anma, la technique «Ampuku » de traitement du ventre, le Do-in un ensemble d’exercices thérapeutiques et des influences occidentales d’anatomie et de thérapie physique. La raison de cette dernière influence est la présence des Européens et Américains sur le sol nippon, notamment après l’ouverture forcée du pays en 1853.

Tout comme les autres formes de thérapies corporelles asiatiques, le Shiatsu est basé sur les principes de la médecine traditionnelle chinoise (MTC). En cela elle utilise les principes du Yin et du Yang, des 5 éléments et des trajets de l’énergie qui suivent les méridiens d’acupuncture. Certains font remonter les racines du Shiatsu au 7e siècle de notre ère, quand le Japon envoya une délégation d’étudiants en Chine pour apprendre la médecine chinoise. La MTC comprend de nombreuses branches dont l’acupuncture, l’herboristerie, mais aussi le massage, appelé Anmo Tuina. Les pratiquants d’arts martiaux qui devaient régulièrement faire face à des blessures, appréciaient également ce type de connaissance, qu’ils apprenaient là aussi sur le territoire chinois.

 

Bien que le Shiatsu se targue de ses racines anciennes, il prend sa forme caractéristique au 20e siècle. Pendant cette période, le Japon était très largement ouvert aux idées de l’Occident, plus que la Chine qui subissait une occupation coloniale à cette même période. Deux éléments historiques vont forger le Shiatsu moderne et lui donner sa forme actuelle. La première est la présence du massage Anma sur le sol japonais (Anma et la forme récupérée de l’Anmo chinois) depuis la période Edo (1602-1868). En 1900, devant l’influence grandissante des techniques occidentales, le gouvernement décida de légiférer pour protéger l’Anma, qui devint alors la chasse gardée des aveugles pour leur talent à la palpation et au massage.

Tenpeki Tamai

Au début du 20e siècle, Tenpeki Tamaï est le premier à appeler son art Shiatsu, afin de se distinguer du milieu de l’Anma. Il forme notamment Tokujiro Namikoshi qui dès 1925 créé en Hokkaido le Shiatsu Institute of Therapy. Puis plus tard, en 1940 – à la veille de la guerre – il fonde à Tokyo le Japan Shiatsu College. Après la Seconde Guerre mondiale, MacArthur interdit tous les arts japonais traditionnels, dont l’Anma et le Shiatsu qui faillirent disparaître. Mais l’association des aveugles japonais sollicita l’aide d’Helen Keller[i] qui écrivit au président Trumann. Ce dernier autorisa l’Anma et le Shiatsu à reprendre leurs activités.

Tokujiro Namikoshi

Tokujiro Namikoshi s’engagea alors corps et âme pour la reconnaissance officielle du Shiatsu au Japon, en mettant notamment en avant le travail sur les structures anatomiques occidentales (muscles, os, système nerveux). Grâce à son engagement, le Shiatsu fut reconnu dès 1960 par le Ministère de la Santé japonais comme une médecine à part entière. Il forma des milliers de praticiens, dont Shizuto Masunaga[ii] et tous les grands diffuseurs de cette technique à travers le monde par la suite. Aujourd’hui, malgré la multiplicité des courants et des styles de Shiatsu, le Japan Shiatsu College de Tokyo reste encore la référence mondiale du Shiatsu pour la formation (cursus de 2000 h) et la qualité de ses enseignants.

Shizuto Masunaga

Shizuto Masunaga de son côté mit l’accent sur les racines MTC du Shiatsu en insistant sur l’énergie des méridiens et la théorie des 5 éléments. Lui aussi influencé par les thérapies occidentales et ses études universitaires (il fut professeur de psychologie à l’Université de Tokyo), il ajouta à la MTC les notions de psychologie, de relations avec le système émotionnel et de développement spirituel, ce qui donna le Zen Shiatsu.

De son côté, Ryuho Okuyama, autre fondateur important du Shiatsu, fut formé par un médecin en Médecine traditionnelle du Japon (MTJ). D’emblée, l’accent fut mis sur la dimension médicale afin de pouvoir soigner un maximum de maux. Il nomma son style le Koho Shiatsu.

Enfin la dernière personne à avoir influencé les bases du Shiatsu est Katsusuke Serizawa. Il fut étudiant de Shiatsu, de MTC et de thérapie corporelle. Il se passionna surtout pour la recherche d’explications scientifiques à l’énergie dans les méridiens et l’étude précise des Tsubos (points d’acupuncture). Sa branche s’appelle Acupressure Shiatsu.

Toru Namikoshi

Le Shiatsu s’est largement répandu à travers le monde entier à partir des années 70, à la suite de la visite du président américain Nixon en Chine Populaire. Grâce à un ensemble d’étudiants de haut niveau, cette technique s’est ensuite diffusée sur chaque continent, en commençant par les États-Unis. Parmi ces « diffuseurs » on peut retenir le fils de Namikoshi (Toru)[iii], Kobayashi Akitomo, Yuichi Kawada, Akinobu Kishi, Wataru Ohashi, Shigeru Onoda, Kazunori Sasaki, et bien d’autres. Grâce à eux, le Shiatsu est sans doute la thérapie asiatique la plus connue – en Europe et aux États unis – et qui jouit de la plus grande réputation auprès des États comme du public. En 1997, le Shiatsu a été reconnu par l’Union européenne comme l’une des 10 médecines complémentaires les plus bénéfiques pour la santé.

————————Notes :

  • [i] Helen Keller : (1880-1968) activiste, écrivain et conférencière américaine très connue, qui était muette, aveugle et sourde. (Voir article sur Wikipedia)
  • [ii] Lire à ce propos : Les fondateurs du Shiatsu
  • [iii] Son petit-fils est Yuji Namikoshi.
Ivan Bel

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