Cet article fait suite à l’enquête en ligne postée récemment : Enquête de styles*
Vous êtes 194 internautes à avoir répondu à ce deuxième sondage, soit trois fois plus qu’au premier. Cette progression, est tout à fait encourageante et l’effectif atteint permet de tirer quelques enseignements sur le profil de la communauté réunie autour de ce blog. Voici les résultats du sondage.
1. Quel(s) style(s) de Shiatsu pratiquez-vous ?
Nombre de styles mentionnés
Notre liste se voulait la plus complète possible et proposait 26 styles différents, parmi lesquels 22 sont cités au moins une fois dans les réponses. Mais 19 autres références sont rapportées spontanément par les shiatsushis. Certain.e.s assument d’appliquer désormais leur propre style. D’autres citent des écoles très spécifiques ou des professeurs, tel que Stéphane Vien. Ce qui nous amène à un total de 41 styles différents recensés, dont 18 mentionnés une seule fois.
L’une des distinctions exprimée par les réponses mérite examen. Notre liste incluait le Zen shiatsu, mais quelques répondant.e.s ont spontanément indiqué pratiquer le shiatsu de Masunaga ou de l’école Iokaï. La mention était parfois unique ou associée : « Zen et Masunaga », par exemple, présentés comme deux styles différents. Cette distinction est reprise en tant que telle dans le traitement des résultats, basés sur les déclarations de chacun.e, même si les liens de parenté entre ces trois styles sont bien connus.
Autre remarque : certain.e.s shiatsushis connaissent le nom du Maître ayant inspiré leur pratique, sans forcément identifier dans la liste le nom de l’école qui s’y réfère. Les noms de Tokuda ou Bouheret sont parfois mentionnés spontanément, en lieu et place de leurs écoles respectives : Nonindo ou Sei Shiatsu Do.
L’empreinte de Shizuto Masunaga
Chaque internaute pouvait indiquer plusieurs styles. La répartition des réponses témoigne de l’impact de Shizuto Masunaga sur les visiteurs du blog. 75 des répondant.e.s se réclament du Zen Shiatsu. Si l’on y ajoute les références à Masunaga lui-même (7) ou à l’école Iokaï (6) et en retirant les doublons, on arrive à 85 shiatsushis s’inscrivant dans ce courant. La mention suivante le Koho Shiatsu réunit 38 mentions, et le Namikoshi Shiatsu 37.
Autre observation après lecture des résultats à cette première question : 115 des répondant.e.s, soit près de 60% de l’échantillon, se réclament d’un style unique, les 79 autres mentionnant au moins deux styles différents de pratique. Cette proportion est à rapprocher des réponses à la question suivante.
2. Diriez-vous que connaître un seul style est suffisant ?
Une très large majorité de l’échantillon (160 shiatsushis, soit 82%) réfute l’idée qu’un seul style suffise. Cette valeur est le double de ceux qui se disent déjà dotés de plusieurs styles et dévoile un nombre important de shiatsushis souhaitant élargir leur horizon.
3. Diriez-vous que votre style est de loin le meilleur et que les autres ne présentent pas d’intérêt ?
Très peu de répondant.e.s estiment qu’un style est meilleur que les autres, soit 2 sur 194. L’un.e de ces shiatsushis précise d’ailleurs : « Ce style résonne en moi. Mais ce n’est pas forcément le meilleur pour les autres. » Tout.e.s les autres se gardent d’affirmer la supériorité de leur style et comprennent que les styles ont tous quelque chose à enseigner. Cela va rejoindre la question suivante.
4. Pensez-vous que la seule approche valable en Shiatsu est anatomique, énergétique des méridiens, par le mouvement, par les fascias ou une combinaison de toutes ces approches ?
Le dernière proposition fait presque l’unanimité : 188 shiatsushis. L’efficacité exclusive de l’approche énergétique des méridiens est affirmée par 4 des internautes, celle de l’anatomie par un.e seul.e, tout comme l’approche par le mouvement. La notion de combinaison de toutes les approches est claire dans les esprits des répondant.e.s. Plus on a de cordes à son arc…
5. Pensez-vous que 3 ou 4 années d’études de Shiatsu soient suffisantes pour être un.e bon.ne praticien.ne ?
Trois shiatsushis sur quatre considèrent que le temps nécessaire à devenir « performant » est plus long que les seules années de formation de base. Cela se conçoit aisément, et ne déroge pas aux règles de nombreuses disciplines comparables. L’une des personnes interrogées précise tout le même que toutes les années ne se valent pas, au regard de « l’intensité de l’apprentissage » qui varie d’une école à l’autre..
Au-delà de cette première étape, conduisant plus ou moins au diplôme, la pratique assidue, la formation et l’ouverture à d’autres formes de Shiatsu accompagnent le shiatsushi dans son chemin vers une meilleure maîtrise de son art.
6. Aimeriez-vous apprendre un nouveau style dans les prochaines années ?
L’envie de s’ouvrir à un nouveau style est partagée par 157 des répondant.e.s (soit 81%) et corrobore les questions aux réponses 1 2 et 4 : beaucoup de shiatsushis, même s’ils ne pratiquent qu’un seul style aujourd’hui, jugent pertinent de s’enrichir des enseignements d’autres écoles.
7. Qu’est-ce qui vous empêche de le faire ?
Écartons déjà les 6 shiatsushis ayant répondu qu’aucun obstacle ne les retenait et que la formation à un nouveau style était en cours, ou tout du moins programmée. Les autres pouvaient apporter plusieurs réponses et ont mentionné en premier lieu des limites financières (112) puis de temps (86) ou d’éloignement des écoles (56).
Parmi les autres réponses, 21 expriment leurs craintes de se disperser ou, dit autrement, la priorité donnée à l’approfondissement du style qu’ils pratiquent déjà. « Un seul style demande une vie de pratique pour en comprendre toutes ses facettes. Je pense qu’il faut trouver son style et le perfectionner au mieux ». Trois praticien.ne.s privilégient au contraire des formations complémentaires en dehors du champ du shiatsu : PNL, réflexologie….
Trois internautes font état de limites physiques ou liée à l’âge : difficulté à rester au sol ou problème d’audition. Un.e autre suggère la création, au sein des écoles, « de cursus pour des praticiens ayant un peu d’expérience. »
En conclusion
Au regard de ce modeste échantillon, le blog Ryoho Shiatsu réunit une communauté très diverse composée de praticien.ne.s représentant une grande variété de styles : 41 au total. Le courant prééminent, liée à Shizuto Masunaga, ne dépasse pas 44% de l’effectif. Comment qualifier la répartition des autres réponses en de très nombreux « styles » revendiqués par peu de pratiquants ? Le mot de « fragmentation » a une connotation péjorative et laisse entendre que le paysage est forcément hérissé de barrières opposant les écoles entre elles. Cela ne semble pas être le cas, tant les réponses aux autres questions témoignent d’une volonté majoritairement partagée de s’ouvrir à d’autres styles de pratique. Privilégions alors le terme de « mosaïque » porteur d’esthétique et d’harmonie à travers la combinaison de multiples éléments, distincts, différents mais s’inscrivant dans un ensemble.
De plus, cette diversité – comme nous le défendons dans ce blog – est une chance, une richesse et le signe de la vitalité du Shiatsu à travers le monde. De plus, toutes les personnes qui se rencontrent à travers les stages peuvent le constater : il n’existe aucune barrière pour que l’unité du Shiatsu puisse s’exprimer dans sa la diversité de ces approches.
Note
* Questionnaire mis en ligne du 1er au 16 juin 2023 sur le blog de Ryoho Shiatsu. Les données brutes, sous formats PDF, peuvent être téléchargées ici.
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